Judith Bormand s’intéresse à la ville, aux territoires, au paysage, aux lieux. Des lieux souvent vides, déserts. Des lieux comme habités d’une atmosphère. Atmosphère qui participe, notamment, à constituer l’identité de ces derniers. Une sensibilité qui lui vient, entre autre, d’un goût prononcé pour le cinéma. En effet, soulignant le potentiel énigmatique des lieux et éléments photographiés, c’est la part de fiction que sous-tend le réel qui est notamment interrogée.
Le caractère frontal de ses images – Walker Evans et Eugène Atget font partie de ses références, aux côtés de Patrick Faigenbaum ou d’Éric Poitevin – et la distance apparente qui pourrait y être d’abord associée sont pourtant liés à une photographie de la sensation.
Si le lieu est le sujet principal, la notion d’apparition est également au centre de ses préoccupations. La photographe fait émerger, sortir de l’ombre, ce qui habituellement n’est pas vu, du moins pas ou peu regardé. La déambulation, que l’artiste pratique fréquemment, est constitutive de sa démarche. Les éléments, parfois relégués, qui constituent l’espace, surgissent pour devenir sujet. L’apparition des formes est déclencheuse de la prise de vue. La question du voile, du rideau et par extension celle du dévoilement, inhérente à la photographie, est sensible. Le végétal se fait de plus en plus présent.
Après une licence 3 d’Histoire de l’art à l’université Paris 1, elle est diplômée de l’École nationale supérieure Louis-Lumière, puis du master d’Arts plastiques Photographie et art contemporain de l’université Paris 8. Son travail a été notamment exposé dans le cadre du Mois de la Photo à Paris, des Rencontres Internationales de la Photographie à Arles, des Rencontres Photographiques du Xe, de la programmation satellite de la Nuit Blanche à Paris, au Lavoir Numérique de Gentilly.