Ceci est une quête.
Ceci est une énigme.
Ceci est un jeu.
Chaque image est le fruit d’un jeu. Un jeu avec moi-même dont je suis seule arbitre quant à ses règles. C’est un pacte qui, peut-être, prolonge quelque peu l’enfance. Le plaisir de créer nait de l’amusement.
Je me déguise et je me photographie. J’imite ou j’invente. C’est bien mon corps qui est représenté sur les images pourtant ce n’est pas moi, ou pas vraiment. Le corps est un outil. Je me pare d’attributs qui ne sont pas miens et je prends la pose ; tantôt farfelue, tantôt solennelle. Et le papier est orné par la main de nouveaux attributs, de signes entrant en dialogue avec le photographique pour enrichir l’histoire. Toujours à la frontière entre moi et non-moi, entre réel et fiction, entre légèreté et sérieux, je cherche l’ambigüité.
Qui suis-je ? La question de l’origine est bien ce qui me taraude. J’interroge la place que j’occupe au sein de cette famille qui est la mienne. Le lien mère-fille est retentissant, la transmission, souveraine. Allure, langage et ouvrage manuel, c’est « ce qui passe ». Ma recherche s’envisage comme la revendication d’une singularité au regard de ce qui a été transmis.
Dans son ouvrage Loin de moi. Étude sur l’identité (1999), le philosophe Clément Rosset écrivait qu’il « ne saurait donc être de moi de l’autre et par l’autre, dont l’étayage assure l’éclosion et la survie du moi ». Alors, mes travaux seraient les déclinaisons autonomes des différentes couches de mon moi qui, somme de ce qui a été transmis et liées par le fil à broder, formeraient mon individualité.