La démarche photographique de Claire Béteille explore le rapport qu‘entretient l’être humain à la nature et au paysage. Ce dernier devient alors une matière première de création et permet à l’artiste de pointer, voire de dénoncer, le côté parfois insolite de certaines habitudes humaines.
Il n’est pas rare, par exemple, de trouver dans la nature des machines et édifices, abandonnés une fois hors d’usage. Ces artefacts se transforment ainsi en un patrimoine oublié, délaissé et parfois même dénigré. Une idée d’abandon se dégage des séries Décadence et Apparaissance de Claire Béteille. Son intérêt pour les ouvrages délaissés peut s’apparenter à de l’obsession, telle une pratique de collectionneur. Elle photographie les édifices, accumule les images et les stocke sur un disque dur de la même manière que le font la plupart des touristes.Le rapport à la photographie touristique est flagrant dans son travail, notamment dans sa dernière série, Allées et venues Irlandaises, sur la pratique photographique des vacanciers en Irlande. En prenant à contre-pied, la pratique du touriste lambda, adepte du selfie et à la recherche du ‘cliché’ de ces vacances, l’artiste questionne le paradoxe entre la photographie, le paysage et le touriste. Face à ces images de son propre corps les yeux bandés, les selfies ou les photographies de vitre encrassée, le spectateur est interpellé. Cette silhouette blanche semble incongrue dans ces paysages désertiques. Comme un spectre, elle hante les paysages touristiques ou non et interroge le spectateur sur le lien qu’il entretient avec ces derniers.
Dans ses travaux, l’artiste cherche à inverser les choses. Ainsi, le spectateur se retrouve à devoir contempler un paysage, un édifice où il n’aurait pas forcément pris le temps de regarder. Ce questionnement sur la contemplation est poussé à son extrême dans la vidéo Voyage sur la ligne. Face à ce triptyque vidéo, le spectateur se retrouve immergé dans un nouvel espace imaginaire. À travers le prisme de son œil, il devient marcheur dans le paysage recréé. La présence de l’horizon donne également un repère dans cet espace et guide le regard du spectateur à travers le panorama défilant. Le paysage reprend vie. Il s’anime..