Qu’est-ce que pourrait être l’image de l’autre dans une approche documentaire ? C’est la question que je travaille dans ma pratique. Le contexte urbain et les voyages sont pour moi des lieux privilégiés, car ce sont des espaces dynamiques et contradictoires : des lieux de rencontres mais aussi d’indifférence et de solitude.
C’est à partir de la préparation de certains protocoles que je vais créer les conditions pour exercer mon regard. Il s’agit de se mettre à disposition pour rendre possible l’émergence des événements les plus anodins. Je m’intéresse surtout à la création de situations banales à travers ma présence. Le quotidien, l’univers du travail, la représentation de soi sont pour moi des sujets de prédilection.
Ces instants banals du quotidien peuvent dire autant sur moi que sur le sujet et ne prendront sens que dans la particularité du regard de chaque spectateur. Il s’agit d’une tranche d’espace-temps où j’essaie de retrouver ma place par rapport à l’autre et de donner un sens à ce que je ressens.
Avec cette démarche je cultive une sorte de distance par rapport à mon sujet et au spectateur. En même temps qu’elle affirme ma présence, elle laisse au regardeur une liberté d’action. Je définis mon travail comme « documentaire subjectif ». Le regard documentaire sur mes sujets permet de les « faire exister », la forme subjective rend possible l’ouverture à des questions plus globales.