Une invitation est lancée, un temps et un espace proposés : durant trois semaines des artistes du collectif Diaph 8 seront amenés à investir l’espace d’art Alma. Dans une atmosphère d’expérimentation et d’échange entre les artistes et avec le public, des projets en cours de réalisation seront créés, transformés, cherchant faire surgir des synergies capables d’éclater les formes photographiques afin qu’elles deviennent matière, geste, action performée, musique. À la lisière entre l’exposition et le laboratoire expérimental, l’événement se nourrira d’une dynamique de recherche et sera en perpétuel mouvement : le regard, l’écoute et le partage seront les maîtres mots à l’heure de stimuler la créativité, qui sera appelée à se matérialiser sur le(s) support(s).
Texte: Marion Baldi et Pablo-Martín Córdoba
Images d’atelier : Marion Baldi
Artistes de Diaph 8 présentés : Marion Baldi, Laura Ben Hayoun, Florence Cardenti, Jérôme Conquy, Pablo-Martín Córdoba, Sophie Cuffia, Gilberto Güiza-Rojas, Émeline Hamon, César Mejía, Rafael Serrano, Rachael Woodson
Photos du Vernissage du 19/04/2018
État de lieu #1 – 20/4/2018
Crédits photographiques: Rafael Serrano.
Dans l’espace expérimental d’exposition, les paysages sensoriels de Marion Baldi trouvent un écho urbain dans les images de la série Rémanences de Pablo-Martín Córdoba. En effet, tandis que l’installation de la première suggère le plan-relief topographique, qui se décline en forme abstraite pour viser la dialectique auditive bruit/silence, les paysages urbains du second dégagent un registre minéral qui se propose comme un regard sur la société contemporaine. Une collaboration entre les deux artistes tentera de faire surgir les objets sonores qui viendront matérialiser, à partir des sons des matériaux exposés, ces bruitages et ces silences voués à survoler l’installation de Marion Baldi dans une atmosphère synesthésique. Dès le début de l’exposition on trouve la perspective linéaire remise en cause : tandis que Marion Baldi propose une rupture dans la modélisation extérieure paysage, qui devient ainsi intérieure et sensorielle, Pablo-Martín Córdoba procède par cristallisation du mouvement afin de temporaliser l’espace, ce qui rend visible les formes de la dynamique sociale en lien avec l’architecture. Le questionnement sur la perspective à partir des objets photographiques trouve sa pureté et sa puissance dans le travail de Rafael Serrano. Ici les liens forts qui se tissent entre la camera obscura et le plan de projection sont sondés, dans une œuvre d’une grande cohérence où la surface du tirage devient le matériel plastique soumis aux manipulations de l’artiste. Ainsi, dans La mamie à toutes les sauces, les conventions perspectivistes se trouvent doublement détournées par l’agencement répétitif des images de carrelage extraites du mass media, dont la géométrie est soumise aux aléas de l’atmosphère environnante : l’espace cartésien se trouve ainsi déformé par les mouvements de l’air et par le passage du public. Au fond de la salle, ce sont les éléments théoriques et historiques de la perspective centrale qui sont à leur tour transposés pour devenir matière et support aux images de Jérôme Conquy. L’artiste opère par transfert de textures chromatiques qui viennent sédimenter sur des préceptes moraux, dont la valeur de vérité, au même titre que les sciences de l’espace, fut longtemps surestimée.
Texte: diaph8
Crédits photographiques: Rafael Serrano.